Projet

L’endométriose est une maladie gynécologique fibro-inflammatoire chronique hormono-dépendante. Elle touche près de 10% des femmes en âge de procréer et se traduit le plus souvent par des douleurs pelviennes intenses et une infertilité. L'endométriose conduit à une réduction de la qualité de vie et représente un fardeau économique pour les patientes et la société. La maladie est liée à la présence d’endomètre ectopique qui forme des lésions sur les ovaires et dans la cavité péritonéale. La physiopathologie de cette maladie est peu connue et notre groupe a contribué à en élucider certains mécanismes comme le rôle du stress oxydant, de l’activation des MAP Kinase et de la voie mTOR/Akt. Notre groupe s’intéresse particulièrement aux différentes composantes immunitaires adaptatives ou innées de la réponse inflammatoire chronique qui caractérisent la maladie.

Le microbiote intestinal qui affecte divers processus physiologiques et pathologiques, tels que ceux impliquant les systèmes nerveux et endocrinien et l'immunité, joue un rôle important dans les maladies endocriniennes et inflammatoires. La signature microbienne liée à des troubles tels que l'endométriose, la vaginose bactérienne et les cancers gynécologiques est décrite. Une étude sur l’impact de la qualité du microbiome sous l'effet des antibiotiques, de probiotiques ou de l’alimentation sur le développement de l’endométriose est en cours.

Récemment, nous avons également entrepris l'étude des conséquences de l'endométriose au cours de l'assistance médicale à la procréation et de la grossesse, de la fécondation/développement embryonnaire précoce (étude clinique non interventionnelle EndOvo NCT03241329) aux issues de grossesse (étude clinique prospective EndObst NCT02498691) et grâce à l'utilisation d'un modèle murin d'endométriose associé à la gestation permettant d'étudier les tissues d'intérêt à tous les stades de la gestation (projet PlacentAtlas). Nous conduisons une recherche fondamentale et clinique en lien avec les services de gynécologie, d’assistance médicale à la procréation, de biologie de la reproduction et d’immunologie de l’Hôpital Cochin.

Figure 1A-B

Projet MultiMENDo : Endometriose et sang menstruel

En 2023, l'équipe a obtenu un financement du conseil européen pour la recherche (ERC) pour le projet intitulé "Analyse MultiOmique du fluide menstruel pour mieux diagnostiquer, comprendre et traiter l'endométriose" (MultiMENDo).

Ce projet vise à trouver des biomarqueurs diagnostiques et pronostiques candidats, ainsi qu'à évaluer de nouvelles approches thérapeutiques pour endométriose utilisant le fluide menstruel (le sang des règles), un fluide biologique pertinent et facilement accessible mais négligé jusqu'ici.
 

L'hypothèse principale concernant la formation des lésion endométriosique de la menstruation rétrograde (reflux de liquide menstruel par les trompes de Fallope) mais la pathogénie précise reste un mystère. Il n'y a pas de biomarqueurs non invasifs actuellement utilisés dans les soins cliniques mais cela serait extrèmement utile pour améliorer le délai de diagnostic, actuellement estimé à 8 ans. Il n'y a pas de traitement spécifique et les options pharmacologiques sont contraceptives.

Dans ce projet,  nous proposons d'utiliser le fluide menstruel comme un fluide biologique pertinent pour l'endométriose.
Dans une première partie, la transcriptomique à l'échelle de la cellule unique et des dosages multiplex de protéines solubles sur 64 échantillons de liquide menstruel seront utilisés pour identifier des biomarqueurs diagnostiques candidats qui
différencient les femmes atteintes d'endométriose des témoins sains. La validation de ces biomarqueurs sera effectuée dans des échantillons de liquide menstruel de 250 femmes. Dans une seconde partie, des organoïdes dérivés du liquide menstruel cultivés avec ou sans cellules immunitaires seront utilisés pour évaluer les changements fonctionnels associés à l'endométriose et tester de nouveaux traitements immunomodulateurs. Enfin, des échantillons seront analysés pour identifier des biomarqueurs candidats pronostiques pour la réponse à la chirurgie et à la fecondation in vitro chez des patientes suivies sur plusieurs mois.


Les biomarqueurs diagnostiques et pronostiques sont essentiels pour évaluer l'établissement de la maladie, son évolution et choisir le traitement le plus approprié à chaque patiente. Ce projet améliorera notre compréhension de la physiopathologie de l'endométriose et permettra une caractérisation importante du fluide menstruel, un liquide biologique pertinent pour les troubles gynécologiques et reproducteurs.

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